Femme et sa petite fille se recueillant sur la sépulture d'un défunt lors de la Toussaint 2006 au cimetière communal de Saint-Firmin-des-Vignes, dans le Loiret (Photo Mercier/Ciric).

À qui s'adresser lors de la mort d'un proche ?

Depuis plus de vingt ans, des équipes d'accompagnement des funérailles ont été mises en place en France, dans les paroisses et dans les aumôneries hospitalières, permettant aux personnes en deuil d'en vivre pleinement le processus, c'est-à-dire « l'avant » et « l'après » de la célébration elle-même. Les familles qui ne sont pas déjà en contact avec elles au moment de la mort de leur proche se tournent en premier lieu vers les pompes funèbres. Celles-ci s'adressent à la paroisse pour décider du jour et de l'heure des obsèques.

La pastorale des funérailles déploie alors ses différentes missions : tout d'abord, le prêtre, le diacre ou le laïc missionnés accueillent la famille, dans une démarche d'écoute fraternelle et de consolation. Ils préparent ensemble la célébration religieuse, laquelle peut constituer un temps fort pour la famille : cette étape ritualisée du deuil se fait précisément au moment où la douleur de la rupture est souvent la plus aiguë. C'est une tâche immense puisque près de 80 % des morts annuelles en France donnent lieu à une demande de célébration dans un lieu de culte.

Quelles sont les différentes possibilités de célébration ?

La « station » à l'église pose la question du choix ou non de la messe pour la célébration des obsèques - dont il faut rappeler qu'elle n'inclut pas de sacrement. Si le défunt était éloigné de l'Église, ou par manque de prêtres, il n'y a pas d'Eucharistie - la célébration peut alors être conduite par un diacre, ou même des laïcs (lire ci-contre). Le nombre de messes pour les obsèques diminue en France, mais varie sensiblement selon les diocèses, puisque à Paris presque toutes les célébrations de funérailles comportent l'Eucharistie grâce au nombre plus important de prêtres ; alors que dans le Nord ou le Sud-Est, elles se font plus rares. Même en l'absence de messe, la référence à l'Eucharistie demeure nécessaire, comme signe essentiel de la Résurrection. Dans ce cas, une messe est toujours prévue l'un des dimanches suivants pour le défunt, en présence de la communauté paroissiale.

Quels sont les enjeux actuels de la pastorale des funérailles ?

Dans une société qui évacue la mort, l'Église est consciente de l'importance d'accompagner les personnes en deuil. Sa mission commence bien avant la célébration, dans l'accueil des familles dont les situations sont très diverses - qu'elles formulent la demande de funérailles pour des non-baptisés, dans l'intimité, ou pour des personnes décédées dans des conditions particulièrement difficiles

Outre la fonction irremplaçable du rituel face à la mort (lire La Croix des 27-28 octobre 2007), la pastorale des funérailles reste une pastorale à part entière, et l'Église ne peut se concevoir comme un simple « réservoir » à rites. Il s'agit bien d'offrir « une pastorale de compassion, de rapprochement et d'annonce de l'Espérance chrétienne », selon le P. Angelo Sommacal, du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle.

Car au-delà de l'accompagnement, qui s'organise localement (1), l'un des enjeux est de favoriser un cheminement spirituel par « l'accueil, dans la foi et l'espérance, de l'événement de la mort et du deuil qu'elle entraîne », selon le guide consacré au sujet (2). La Commission épiscopale de liturgie et de pastorale sacramentelle situe la pastorale des funérailles comme lieu d'évangélisation, dans le grand respect du cheminement de chacun.

L'Église autorise-t-elle la crémation ?

L'Église admet la crémation à condition qu'elle ne soit pas une remise en cause de la foi dans la Résurrection des corps ( Catéchisme de l'Église catholique, n° 1301), tout en manifestant sa préférence pour la coutume de l'ensevelissement (canon 1176). Ce procédé doit si possible avoir lieu après les funérailles, en même lieu que l'inhumation. L'Église porte un soin particulier à la destination des cendres, alors que le recours à la crémation est de plus en plus sollicité (lire La Croix du 16 octobre).

Les responsables pastoraux avertissent généralement les familles qu'il y a là un enjeu important pour l'Église : elle invite à n'opter ni pour la dispersion, ni pour la conservation à domicile, mais à déposer les cendres dans un lieu « mémoire ». La communauté chrétienne peut proposer une prière au lieu de crémation pour ritualiser ce moment douloureux - mais celle-ci se fait plus souvent au moment de l'inhumation. Seul l'accord de l'évêque permet un service religieux devant une urne funéraire.

Marilyne CHAUMONT

(1) Une enquête sur les pratiques diocésaines sera dévoilée lors d'une session nationale organisée les 13 et 14 novembre sur la Pastorale des funérailles, à l'Institut catholique de Paris.
(2) Pastorale des funérailles , Cerf, coll. « Guides Célébrer ».